Portrait de Denys, Portrait d'un Chef

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Quant une journaliste passionnée de mots et de saveurs vient vous dresser le portrait voila ce que cela donne... Merci à Elle.

Portrait de Denys, Portrait d'un Chef
C’est un mot à la mode… tant à la mode qu’on en oublie la véritable signification. Un Chef ne prépare pas seulement une cuisine savoureuse, un Chef n’est pas seulement la tête d’affiche d’un restaurant gastronomique, un Chef ne dirige pas seulement une brigade avec brio. Un Chef est avant tout un créateur et comme tout créateur, il se doit de nous étonner, de nous émouvoir et de nous enthousiasmer. Denys Colin à ce titre remplit cette mission avec talent au fil de plats qu’il crée selon la saison et de son inspiration. A la clé, des rencontres d’ingrédients intrigantes tels ces awabis bleus lovés sur une mousse de topinambours relevée de safran, des saveurs délicates et inédites qui enchantent notre palais comme ces escalopes de foie gras dans leur bouillon de châtaignes ou encore des mariages vertigineux qui explosent en bouche tel ce poivre de Timut magnifiant une pannacota de fruits rouges.
Au delà de l’inventivité d’un grand Chef, la cuisine de Denys Colin raconte un peu l’homme comme toute œuvre d’art laisse percevoir entre deux coups de pinceau l’histoire et les valeurs de son auteur. Après avoir travaillé dès son plus jeune âge au sein de restaurants primés de macarons Michelin à l’instar de Maxim’s et avec des chefs étoilés tel Jean-Jacques Jouteux, il fut nourri de rigueur et de savoir-faire pour prendre son envol et devenir le chef du restaurant Le Balladin à Porto Vecchio, noté dès lors d’un 14/20 au Gault Millau et sacré meilleur restaurant de Corse pour sa cuisine innovante pleine de senteurs en 1982. L’innovation déjà…
L’homme est curieux et aspire à de nouveaux horizons pour d’autant mieux se confronter à de nouveaux défis. Sportif et baroudeur, il entreprend plusieurs expéditions. 1000 KM au dessus du cercle polaire en VTT en 1986, African Fever sur le continent africain, orchestré autour de 12 sports, 12 pays en 12 mois en 1991… autant d’expériences qu’il souhaite faire partager en créant son agence de voyages autour de séjours en Afrique et Moyen-Orient créés sur mesure.
Le partage de ses découvertes, la rencontre d’autrui, de cultures d’ici ou d’ailleurs… Denys Colin est ainsi, inventif et généreux. Revenu à Poitiers, sa ville natale, son port d’attache, Denys Colin fonde son propre restaurant, “Antipodes“, en 2004 pour proposer une cuisine nourrie de son expérience auprès des plus grands mais aussi de ses voyages, de ses émerveillements, de ses idées et de ses valeurs. Le lieu qu’il choisit ainsi pour Antipodes est un condensé de ses goûts : la chanterie de l’église romane de Saint Hilaire et ses voûtes sublimes, classées au patrimoine de l’Unesco comme pour raconter une certaine idée de l’histoire et du savoir-faire tandis que la statuaire africaine prend place tout naturellement dans les niches de la salle médiévale. Des figures sacrées qui invitent avec bienveillance les clients du restaurant à goûter et savourer la cuisine du Chef et de son équipe, une cuisine ouverte comme pour témoigner de la volonté d’écoute et de partage avec les clients, considérés comme des amis avec qui on échange ses souvenirs et ses aventures.
Plus qu’une découverte gastronomique, la cuisine de Denys Colin au sein de son restaurant Antipodes est ainsi un voyage vers des terres nouvelles, gourmandes et sensuelles, une expérience gustative d’une contrée à une autre qui repose sur un savoir-faire bien ancré, ici, chez nous, en un mot sur des terres d’émotions. Et s’il fallait résumer en une seule anecdote, l’art culinaire de Denys Colin, ce serait peut-être ce petit garçon intimidé mais passionné déjà par le métier de cuisinier qui vient interroger le chef en cuisine sur les plats qu’il a dégusté avec ses parents et ce dessert et le petit poivre de Timut qui l’a surpris et émerveillé. Le chef alors lui explique le pourquoi du comment et lui fait goûter l’ingrédient. Le petit garçon repartira, heureux, muni de son petit sachet de poivre offert pour apprendre et tester sa vocation. Un futur Denys Colin, peut-être ?
Nicole Maïon

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